Francis vers 1942 (x) |
Odile avait eu d’autres nouvelles de son père par Mr L... qui avait été prisonnier en même temps que lui.
Mr M... était parisien et avait eu la
chance de pouvoir rentrer chez lui à cause d'un problème cardiaque. Il
avait promis au père d’Odile de passer rendre visite à sa famille dès qu'il le pourrait afin
de donner des nouvelles et il avait tenu parole.
Il était venu à Servon en train depuis Paris, avec
sa femme. C’était un "vrai parisien" ne connaissant absolument rien
au monde agricole .Odile se souvient notamment qu’il avait
assisté à un vélage et qu'il était tellement heureux d'avoir pu vivre un tel évènement qu'il embrassait le veau nouvellement né.
Ils étaient restés quelques jours et avaient pris ces quelques photos :
1941 - Avec Mr et Mme L... |
(Odile se souvient que sa robe était à carreaux blanc et orange et son gilet bordeaux)
Si à la campagne, les habitants mangeaient correctement, il n'en était pas de même pour les gens de la ville pour qui il était vraiment difficile de trouver de la nourriture.
Odile se souvient que des rennais venaient se ravitailler chez eux. Ils arrivaient par la micheline de 11h à la gare de Servon , se rendaient à pied jusqu’à leur ferme, achetaient du beurre, des œufs et un poulet de temps en temps, puis repartaient par le train de 14H avec les marchandises achetées.
3H entre les 2 trains : ils n'avaient pas de temps à perdre !
Certains clients venaient même très régulièrement et des liens d'amitié s'étaient créés. Parmi eux Mr et Mme Marchand qui les avait invités au mariage de leur fille Yvette.
Deux allemands faisaient également partie des clients réguliers.
La mère d’Odile ne profitait pas de la situation et vendait ses produits au prix normal, et non au prix exorbitant du marché noir, ce qui n’était pas le cas de tout le monde.
Les produits de la ferme n'étaient pas toujours vendus, parfois, le beurre ou les œufs étaient troqués contre du linge ou des vêtements. C’était notamment le cas du marchand de tissus de la Bouexière qui ne vendait ses produits qu'en les troquant contre des denrées alimentaires.
Malgré le troc, il n'était pas toujours possible de se procurer suffisamment de tissus ou de vêtements, alors chacun se débrouillait : Odile récupérait les vêtements de son frère, des rideaux avaient été teints pour faire des blouses, etc...
Certes Odile a du travailler plus, se priver de tout ce qui n’était pas essentiel, mais ce qui lui a le plus manqué pendant ces années : c'est son père et non les privations.
En
dehors de cela, ces années de guerre ne lui ont pas paru trop
difficiles, la vie continuait malgré tout, et elle oubliait que le pays
était en guerre ; elle n'avait qu'une dizaine d'années.
Elle se souvient notamment des bombardements de Rennes les 8 mars et 29 mai 1943 et d'autres en 1944. Elle voyait les avions et entendait les bombes siffler ; bombes qui étaient d'ailleurs tombées tout près puisque les gares de Chateaubourg et de Noyal avaient été bombardées.
Les Allemands étaient bel et bien bien là : ils avaient réquisitionné des habitations, l'école publique, le patronage, des véhicules, ils avaient imposé des controles de circulation, etc ...
Beaucoup de Rennais et autres réfugiés s'étaient repliés à Servon et aux alentours, les halles avaient été aménagées et des baraquements construits pour les accueillir. Les enfants des réfugiés étaient scolarisés dans la même école qu'Odile.
A suivre .....
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