L comme ... Le travail à la ferme


Fille d'agriculteur (on disait cultivateur) puis agricultrice, Odile a toujours effectué des travaux agricoles en fonction de son âge.

Comme indiqué précédemment, Odile a gardé les vaches tous les étés pendant la guerre. Dès 1945, le père d'Odile a clos tous les champs qui ne l'étaient pas encore et Odile n'a donc plus eu besoin de le faire.

Mais elle s'occupait tout de même des animaux. Au fil des années, de son enfance jusqu'à son mariage (et ensuite également), ses tâches agricoles se sont étoffées. D'abord, un simple coup de main, puis elle a géré seule certaines tâches :

  • aller chercher les 5-6 vaches dans les pâtures pour la traite puis les ramener dans les pâtures, ceci 2 fois par jour. En fonction des saisons, les vaches restaient plus ou moins longtemps dehors. Quand elles étaient sorties, il fallait refaire leur litière
  • traire les vaches puis écrémer le lait
  • sortir le fumier tous les 8-15 jours environ, à l'aide d'une fourche et d'une brouette, et l'emmener sur le tas de fumier (c'était plutôt un travail d'homme, mais Odile aidait parfois)
  • préparer la pâtée des cochons (à base de pommes de terre cuites) et la donner aux 2 cochons (un seul cochon était élevé chaque année pendant la guerre pour être mangé, puis 2 à la fin de la guerre, un pour être mangé, l'autre destiné à la vente)
  • donner à boire au veau lorsqu'il n'était plus nourri par sa mère (la famille élevait et tuait un veau chaque année pour le manger)
  • s'occuper des poules et des lapins.

vers 1950
 

 

Par contre, elle s'occupait peu des 2 chevaux de la ferme (Balzac et Faquin), ce qui ne l'a pas empêchée de poser avec pour la photo 

Elle ne s'occupait pas non plus des gros travaux des champs, tels que les labours, c'était le rôle de son père. Mais elle donnait un coup de main  à certaines occasions :

 

 


En juin : elle participait à la fenaison (ensemble d'activités ayant pour but la récolte du foin  qui servira de nourriture au bétail pendant  l'hiver). La plupart du temps, il y avait une entraide entre voisins

Son père possédait une faucheuse et une faneuse. La faucheuse tirée par le cheval servait à couper l'herbe haute.  Une fois l'herbe coupée, elle était mise en rangs. C'était le travail d'Odile et de sa mère et éventuellement des autres femmes et enfants. Puis son père passait avec la faneuse qui soulevait et brassait l'herbe afin qu'elle sèche plus vite. Cette opération pouvait être répétée plusieurs fois.

faneuse et faucheuse - images récupérées sur internet
 

Lorsque les foins étaient secs, ils étaient regroupés en meules puis chargés sur une charrette. C'était une opération délicate car les chemins et les routes étaient parfois en mauvais état, et il ne fallait pas que la charrette se renverse . Cette opération était réservée aux plus expérimentés.

Lorsque tout le foin était en charrette, le travail d'Odile et des autres enfants consistait à nettoyer le champ et à ramasser tout le foin restant, à l'aide de grands râteaux.

Arrivé à la ferme, le foin était stocké dans la grange ou le grenier ou regroupé en une grande meule (ou barge) dans la cour. Faire correctement une barge de foin était tout un art, et le père d'Odile le faisait très bien

L'été était la saison des moissons et des battages. Le père d'Odile cultivait du blé, de l'avoine ou de l'orge et ces  céréales se récoltaient l'été.

A partir de mi-juillet environ, le blé et autres céréales était coupés avec la faucheuse. Ensuite, les tiges étaient rassemblées en gerbes liées à la paille et à la main. Les gerbes étaient regroupées verticalement, le blé en haut, pour finir de sécher. Les gerbes étaient ensuite rentrées sous le hangar ou regroupées en barge. Les champs étaient ratissés afin de ne perdre aucun épi de blé. Les moissons pouvaient durer plusieurs semaines

Au mois d'aout, les battages pouvaient alors commencer (opération consistant à séparer le grain de la paille). Il fallait environ 3 semaines pour que les battages soient faits partout.

Au fil des années, le matériel a évolué :

  • d'abord un batteur avec un manège pour 4 chevaux
  • puis une batteuse
  • puis une moissonneuse batteuse (mais seulement après le mariage d'Odile)

batteur avec manège pour 4 chevaux (photo récupérée sur internet)
batteuse (photo récupérées sur internet)

Ceux qui possédaient le  matériel pour battre se déplaçaient de ferme en ferme. Dans chaque ferme, tout le monde s'entraidait (voisins et amis) ; quand c'était fini dans un endroit,  ils allaient battre dans une autre ferme.

La famille Bouthemy faisait les battages avec 3 familles voisines

Chaque personne avait son rôle, y compris les femmes et les enfants. Certains postes étaient très physiques ou dangereux. Un des rôles d'Odile, avait été de couper les ficelles des gerbes, avant qu'elles soient entrainées par la batteuse, mais la plupart du temps elle aidait à la préparation des repas et c'était du boulot, car il  fallait nourrir beaucoup de personnes. C'était aussi les femmes qui s'occupaient de la traite, puisque les hommes étaient occupés aux battages.

Une fois la paille séparée des céréales, il fallait monter au grenier les céréales qui n'allaient pas être vendues. Le blé ou autres céréales étaient montées dans des sacs, à dos d'homme.

La paille était stockée sous le hangar ou en meules de paille , et là c'était plutôt le travail du père d'Odile.

Le travail était très dur, il faisait chaud, il y avait énormément de poussières mais c'était aussi très convivial. 

Les repas étaient pris ensemble le matin, le midi et le soir, sur de grandes tables (tables dites de batterie  posées sur des tréteaux). Certains repas étaient assez arrosés (après celui du midi, une sieste s'imposait parfois). 

Dans les petites fermes comme chez Odile, le battage ne durait généralement qu'une journée, alors le soir, quand les battages étaient terminés,  c'était la fête, ou "parbatte".  Le repas du soir, assez arrosé lui aussi, se prolongeait par des chansons au son de l'accordéon.

Tout le monde se retrouvait le lendemain dans la ferme voisine.

Odile se souvient avec nostalgie de toutes ces journées de battages car elle s'y amusait bien et  l'ambiance y  était excellente.

Bien qu'ayant quitté le domicile, Francis (le frère) revenait en vacances chaque été et pouvait ainsi participer activement aux battages.




1948-1950 - un jour de battages

Le travail à la ferme, pour Odile, c'était aussi d'aider à planter les betteraves, les choux, etc .... ou encore à ramasser les pommes de terre, et certainement des tas d'autres activités dont elle n'a pas parlé.

Après le retour de son père en 1945, elle aidera ainsi ses parents à la ferme pendant 13 ans environ, jusqu'à son mariage, mais ..... ce n'est  pas encore pour tout de suite.

 


la famille 1948-1950

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